Georges la sentait tendue, inquiète. Devinait-elle l’objet de sa visite et cherchait-elle à le décourager ? Il le supposa tout d’abord. Après le déjeuner, Carrel entraîna son hôte dans le jardin. Sa femme les suivit.
— Laisse-nous, Béatrice, dit-il, nous avons des affaires…
Elle resta un moment immobile puis se pencha en avant sur la pointe des pieds sans regarder Georges.
— Ne crains-tu pas, dit-elle à son mari, que des séances prolongées ne te fatiguent. Je pourrais peut-être prendre des notes.
Georges protesta :
— Je ne voudrais pas vous déranger. Carrel, visiblement embarrassé par l’intervention de sa femme, mit fin à ses protestations.
— Vous ne nous dérangez pas, n’est-ce pas, Béatrice, dit-il en insistant sur le nom de sa femme. Et quant à la fatigue, je ne suis pas moribond. Nous avons tout le temps d’ailleurs. N’y pensons plus !
Il ajouta, après un moment, sur un ton enjoué :
— Et puis, votre présence me fera du bien. J’ai été beaucoup trop seul ces derniers temps.