elle ne savait pas la remplir d’elle-même, comme cela eût été possible au temps où Georges avait vingt ans. La chair ne suffit pas à remplir un cœur de cinquante ans qui a eu une vie spirituelle, si imparfaite fût-elle. Aussi, cherchait-elle au dehors un supplément d’activité où elle le tiendrait.
Un autre jour qu’ils étaient ensemble dans la campagne, après un silence où Georges croyait que leurs âmes suivaient une route identique, il avait sursauté en l’entendant s’écrier :
— La mort me fait une telle horreur !
— Pourquoi parles-tu de la mort en ce moment.
— Parce que j’y pense.
— Mais il y a seulement un instant, tu paraissais comblée. Est-ce que, sans le vouloir, je t’aurais fait de la peine ?
— Ce n’est pas cela.
— Notre bonheur te fait penser à la mort ?
— Non. C’est en dehors de nous. Je viens de penser tout à coup qu’un jour je serai morte.
— Mais dans un grand nombre d’années.
— Je veux mourir très vieille et je souhaite que cela m’arrive dans mon sommeil.