Page:Chaptal - Rapport et projet de loi sur l’Instruction Publique.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(32)

§. IV.

Quelle part le Gouvernement doit-il prendre dans l’instruction publique ?

L’effet de l’éducation sur l’esprit public est si généralement senti, que chaque Gouvernement s’efforce de l’organiser à son gré : presque par-tout ils nomment les professeurs, prescrivent le mode et la nature de l’enseignement, désignent les seuls ouvrages qui doivent être mis entre les mains de la jeunesse, et s’emparent avec soin de toutes les voies par où pourrait pénétrer quelque principe subversif de l’autorité publique. Cet état habituel de vigilance et de contrainte est la plus sûre sauve-garde de tous les vieux Gouvernemens de l’Europe : blâmer en eux cette active prévoyance qui écarte tout ce qui peut éclairer un peuple soumis, serait leur faire un crime du soin de leur propre conservation. Les Gouvernemens représentatifs, qui n’ont plus les mêmes craintes, ne sauraient suivre la même marche : loin de fuir les lumières, ils doivent les provoquer ; elles sont à-la-fois leur force et leur gloire.