Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.

affectionné. « Citoyen premier Consul, dit-elle, c’est celui dont l’histoire n’est pas encore écrite. »

Après des succès à Paris, le célèbre Piccini se retira en Italie, où il vivait avec sa nombreuse famille dans un état voisin de l’indigence ; il revint à Paris sous mon ministère. Dès que je connus son état, je lui donnai un logement à l’hôtel d’Angevillers et lui assurai une pension de 6,000 francs. Je sus par lui que le célèbre graveur Porporati était presque dans l’indigence à Turin, son grand âge ne lui permettant pas de travailler ; je le fis inscrire de suite pour une pension de 1,500 francs.

Je ne puis pas me refuser à retracer ici un trait de l’amitié généreuse de M. Colin d’Harleville en faveur de son ami l’historien Gaillard. Ce dernier s’était retiré à Saint-Germain en Laye, où il vivait dans une grande médiocrité de fortune ; je venais de donner une pension de 1,200 francs à Colin. Sur le premier avis qu’il en reçut, il se transporte chez moi et me supplie, les larmes aux yeux, de la faire inscrire sous le nom de son ami, qui avait plus de titres et de besoins que lui. Je refusai sa demande, mais j’accordai une pension semblable à Gaillard. Il riait de plaisir, pleurait de reconnaissance et me quitta pour aller, à Saint-Germain, faire passer, disait-il, une bonne nuit à son ami et le tranquilliser sur l’avenir.

Dans le nombre des savants, artistes et gens de