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disposer, en améliorations, de toutes les économies qu’il pourrait faire dans l’année. Cette mesure produisit les plus grands effets. On vit des hommes, dont le zèle n’avait certainement pas besoin d’être excité, se pénétrer d’une sainte émulation et chercher à qui d’entre eux ferait le plus de bien.

L’effet le plus prompt s’opéra à la Salpêtrière. Cet hospice sert de dernier asile à cinq mille vieilles femmes, qui n’y sont admises que lorsqu’elles ont atteint leur quatre-vingtième année ou lorsque, dénuées de tout moyen d’existence, des infirmités incurables ne leur permettent de se livrer à aucun travail.

En entrant à l’hospice, chacune de ces femmes était placée dans un lit ; on leur apportait leur nourriture. Il n’y avait, dans l’enceinte de la maison, ni promenade, ni réfectoire, ni salle de travail. M. Richard d’Aubigny, chargé spécialement de cet hospice, conçut le projet, que j’approuvai, d’en faire une vaste congrégation bien organisée. Il établit des cuisines et des réfectoires ; les heures des repas furent marquées ; il fit approprier de grandes salles où toutes les femmes valides étaient obligées de se rendre à des heures déterminées pour s’y livrer à leur travail accoutumé, dont le produit leur était abandonné. Il convertit les cours en belles promenades ; il assigna des heures pour le lever et le coucher, de sorte que leur vie oisive fut