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la France, il n’existait presque plus d’organisation sociale : il fallait imposer d’autres lois, il fallait relever le commerce et ranimer l’industrie ; il fallait établir une éducation publique ; pénétré de ces idées, je m’efforçai de satisfaire à tout, et ma tâche devint d’autant plus facile que l’homme qui gouvernait avait une volonté ferme.

Le ministère de l’intérieur était alors bien plus chargé qu’il ne l’est aujourd’hui ; l’administration naissante exigeait une correspondance bien plus étendue. Il fallait tout créer et faire tout marcher et d’après un plan uniforme ; il fallait juger les administrateurs et les diriger tous dans le même sens. Le département qui m’était confié ne comprenait pas seulement les administrations, qui constituent aujourd’hui ce qu’on appelle le ministère de l’intérieur ; il embrassait en outre l’instruction publique, les cultes, les droits réunis, le contentieux des douanes, les spectacles, les fabriques devenues impériales, les palais, la maison du Souverain, les musées, les travaux publics, etc. Aujourd’hui, plusieurs ministères se sont partagé ces attributions.

Je sentis toute l’importance des fonctions qui m’étaient dévolues, et je m’occupai d’abord d’organiser mes bureaux. Les commis furent réduits au nombre de 84, et ma demande de fonds pour mes employés et mes frais de bureau ne dépassa jamais 600,000 francs.