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gouvernement. Jeune encore et peu instruit dans les diverses parties de l’administration, il portait dans la discussion une clarté, une précision, une force de raison et une étendue de vues qui nous étonnaient. Infatigable dans les travaux, inépuisable dans les ressources, il rattachait et coordonnait, avec une sagacité sans exemple, les faits et les opinions éparses à un grand système d’administration. Plus jaloux de s’instruire que d’affecter un savoir que ses études militaires et son âge ne lui avaient pas permis d’acquérir, il demandait souvent la définition des mots, interrogeait sur ce qui existait avant son gouvernement, et, après avoir solidement établi ses bases, il en déduisait des conséquences toujours favorables à l’état présent. Travaillant jusqu’à vingt heures par jour, on n’aperçut jamais ni son esprit fatigué, ni son corps abattu, ni aucune trace de lassitude, et je me suis souvent dit qu’un tel homme, vis-à-vis de l’ennemi, devait avoir, par cela seul, un avantage incalculable.

Pendant mon séjour au conseil d’État, j’ai été chargé de deux affaires bien importantes : la première était la loi sur l’administration générale ; la seconde avait pour but l’organisation de l’instruction publique.

La première fut rédigée par moi et portée et défendue, au Corps législatif, par M. Rœderer et moi ; le Tribunat la combattit de toutes ses forces ;