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L’espérance renaît dans tous les cœurs, et chacun appelle par ses vœux le héros de l’Italie à la tête du gouvernement. Le 18 brumaire débarrasse la France d’une administration impuissante, le peuple place l’autorité dans les mains de l’homme qui faisait sa gloire et son espoir. Tout change : la force succède à la faiblesse, l’ordre remplace partout l’anarchie, et, en trois mois, on organise un gouvernement fort, éclairé ; on réunit dans les administrations les hommes instruits, zélés et courageux, que les factions avaient écartés ou oubliés.

Ici commence pour moi un nouvel ordre de choses et, pour ainsi dire, une nouvelle carrière. Je fus appelé au conseil d’État et, par mon brevet de nomination, « chargé de l’instruction publique ». Le ministre de l’intérieur, frère du premier Consul, voulut se retenir l’instruction publique, et il y parvint. Ces attributions furent donc rapportées, et je restai simple conseiller d’État.

Les fonctions de conseiller d’État étaient alors aussi pénibles qu’étendues ; il fallait tout organiser, et, chaque jour, nous nous réunissions, en conseil ou en section ; presque tous les soirs nous avions un conseil chez le premier Consul, où nous discutions et délibérions depuis dix heures jusqu’à quatre ou cinq heures du matin. Ce fut surtout dans ces conférences que j’ai appris à connaître le grand homme à qui nous venions de confier les rênes du