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des salpêtres et poudres ; qu’elle serait tombée de même après l’explosion de Grenelle et l’incendie de la raffinerie, si ces deux catastrophes n’étaient pas survenues après le 9 thermidor.

Mais je frémis bien davantage, lorsque je me rappelle que, par trois fois, mes écrits de fédéraliste ont été envoyés ou portés au tribunal des Jacobins, et que, trois fois, ils ont été transmis par arrêté à Fouquier-Tinville, pour faire justice de l’auteur. À Montpellier, l’animosité était telle que le club députa à Paris un nommé Espinasse, un aveugle, pour demander justice contre moi. (Ce misérable était président des Jacobins à Montpellier et avait un borgne, nommé Pouget, pour secrétaire.) Le Comité de salut public, qui croyait avoir besoin de moi, a constamment ordonné à Fouquier-Tinville de différer l’accusation à six mois, persuadé qu’alors je ne serais plus aussi utile.

Ainsi, j’ai dû la conservation de mes jours à la chimie, comme je lui dois ma fortune et une grande partie de la considération dont je jouis.

Néanmoins, on concevra sans peine que j’aie passé deux années dans des incertitudes mortelles. Aussi, dès que j’ai pu m’échapper de l’administration des salpêtres et poudres, en ai-je saisi l’occasion, qui s’est produite cinq à six mois après le 9 thermidor.

Le Comité d’instruction publique me chargea