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Les divers événements de son règne amenaient chaque jour des changements dans le répertoire des théâtres. Le fameux procès du général Moreau avait soulevé d’indignation l’opinion publique contre Napoléon, et le parterre applaudissait avec transport tous les passages des tragédies et comédies qui avaient quelque rapport avec la position malheureuse de ce général estimé. Comme ces scènes se renouvelaient tous les jours, tous les jours on ôtait une ou deux pièces du répertoire. En trois semaines, on en était arrivé à ne pouvoir plus produire que la tragédie de Phèdre. Le malin public y trouva bientôt des applications qui lui avaient échappé jusque-là. Et il se dédommageait amplement de ses privations en applaudissant avec transport les vers suivants :


Le jour n’est pas plus pur que le fond de mon cœur.
Un seul jour ne fait pas d’un homme vertueux
Un perfide assassin, un lâche incestueux.


La pièce fut supprimée, et le Théâtre-Fran-