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députés italiens et m’avait ordonné d’y appeler trente préfets des départements voisins. Son projet était d’y organiser la république Cisalpine, à la tête de laquelle on était convenu de placer M. Melzi, considéré de tous les partis. Après deux ou trois conférences, il crut devoir s’adjuger la présidence et se proclama président dans une assemblée générale. Peu de temps après, il nomma M. Melzi duc de Lodi.

Tous les soirs, à neuf heures, il avait une conférence avec les préfets. Chacun rendait compte de son administration. Il les questionnait sur les besoins et les ressources de leurs départements, sur le genre et l’état de l’industrie, sur l’opinion qui régnait, et prenait une idée fort exacte de la capacité de chacun. Ces conférences duraient deux heures, après quoi il les invitait à prendre du thé. Je n’ai jamais vu Napoléon développer plus de sagacité que dans ces conférences ; aussi, les préfets en étaient étonnés. Il était rare qu’à la fin de chaque séance il ne me signalât quelque préfet comme digne d’être avancé, avec in-