Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/365

Cette page a été validée par deux contributeurs.

chaque année. Il rejeta cette proposition si raisonnable, et il marcha sur Moscou avec une armée de cinq cent mille hommes. Comme il nourrissait toujours le projet d’une domination universelle, il ne demandait jamais qu’un prétexte pour tromper la nation, en obtenir des sacrifices et marcher à l’accomplissement de ses desseins.

Napoléon avait une volonté inflexible. Il voulait que ses ordres fussent exécutés sans examen, sans résistance et sans observation ; il exerçait ce despotisme à l’armée comme dans son intérieur. Il ne supportait pas qu’on refusât un emploi auquel il nommait sans jamais avoir consulté ; le refus attirait constamment la disgrâce. On n’apprenait jamais une nomination par lui-même ; ses plus intimes n’en étaient instruits que par les papiers publics ou par les ministres. Les ministres avaient peu de part à ses nominations ; ils ne manquaient pas de lui présenter des listes pour les places vacantes ; mais rarement il prenait sur ces listes. C’étaient toujours des