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arbitraires et souvent atroces. C’est surtout dans ces sortes de confidences qu’on voyait à découvert le caractère astucieux de Napoléon, les principes de sa politique et son opinion sur les hommes.

Comme il redoutait beaucoup l’opinion publique, il essayait de la former ou plutôt de la diriger non seulement dans le conseil de ses ministres, mais à la Cour, auprès de ses affidés, et dans son conseil d’État. Il croyait que l’opinion qu’il émettait deviendrait, par ce moyen, celle de la France et de l’Europe. C’est ainsi qu’il tâchait de justifier ses projets de guerre, ses actes de despotisme, etc. Mais, tout en admirant l’art avec lequel il cherchait à tromper ou à faire illusion, rarement on était convaincu.

Je me rappelle qu’à l’époque de la réunion du Piémont à l’empire français, il se rendit au Sénat, et que là il parla pendant une heure et demie sur l’importance et la nécessité de cette réunion. Il s’attacha surtout à prouver qu’elle était utile au Piémont, à l’Ita-