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pas désespérer du salut de la patrie ; mais la dispersion volontaire des membres de l’Assemblée constituante après la session, le dépôt de la constitution confié à une Assemblée législative composée d’avocats, de journalistes, de comédiens et autres individus sans fortune, sans principes, sans connaissances d’administration, firent bientôt craindre qu’on ne portât le vaisseau de l’État au milieu des tempêtes, et c’est ce qui ne tarda pas d’arriver.

L’Assemblée législative s’arroge le titre de Convention, ou d’Assemblée constituante ; il se forme de nouvelles factions : les unes, plus modérées, invoquent les principes ; les autres, plus audacieuses, multiplient les ruines pour recomposer en entier le système social ; il ne manquait à la Convention, après avoir fait disparaître la constitution, que de se débarrasser du Roi et de quelques membres qui, par leur talent, entravaient ses opérations ; les journées du 21 janvier et du 31 mars lui en donnèrent les facilités.

Les hommes qui ne s’étaient jetés dans la Révolution que pour corriger des abus et consacrer, par une bonne constitution, des principes de garantie pour les personnes et les propriétés, s’alarmèrent de ces actes atroces ; ils s’insurgèrent de toutes parts et organisèrent le système de résistance qu’on a appelé le fédéralisme.

Je fus mis à la tête de ce parti dans le Midi, et je