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nourrirait avec peine un million d’habitants ; l’existence d’un plus grand nombre se voit compromise à chaque instant ; livrez l’accroissement de la population à lui-même, il s’établira tel qu’il doit être ; Paris offre assez d’appas aux gens riches et de ressources à l’homme de peine pour que l’autorité ne doive pas s’en mêler. » — « Soit ! ces raisons sont solides ; mais je veux faire quelque chose de grand et d’utile pour Paris. Quelles seraient vos idées à ce sujet ? »

« — Donnez-lui de l’eau. »

« — Bah, de l’eau ! Plusieurs fontaines et un grand fleuve coulent dans Paris. »

« — Il est vrai que des fontaines et un grand fleuve coulent dans Paris, mais il n’est pas moins vrai que l’eau s’y vend à la bouteille, et que c’est un impôt énorme que paye le peuple, car il faut une voie d’eau par jour pour les besoins de chaque ménage, ce qui, à 2 sous la voie, fait plus de 36 francs par an, et vous n’avez aujourd’hui ni fontaines publiques, ni abreuvoirs, ni moyen de laver les rues. »