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quée. Il le lut et me dit que c’était bien, mais que ce n’était pas complet. Il me fit asseoir et me dicta pendant deux à trois heures un plan d’organisation en cinq cent dix-sept articles. Je crois que rien de plus parfait n’est jamais sorti de la tête d’un homme.

Bonaparte fatiguait ses ministres par une correspondance active, journalière, qui portait sur les plus petits détails. Il éveillait néanmoins, par ce moyen, leur attention sur toutes les parties de leur administration. Il commandait quelquefois l’impossible et voulait être servi sur-le-champ. Il demandait des états qui, pour être exacts, auraient exigé un travail de plusieurs semaines, et il les demandait à l’heure, parce qu’il ne savait pas ajourner ses besoins. Si on se bornait à lui présenter des aperçus, on excitait son mécontentement. Il valait mieux mentir avec audace que de retarder pour pouvoir lui offrir la vérité. Je l’ai vu affecter une grande prédilection pour Regnaud de Saint-Jean d’Angely, parce que celui-ci répondait hardiment à