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Joséphine avait l’extrême patience de lui lire en route. Madame de Genlis recevait une pension de six mille francs pour lui rédiger des extraits de tous les romans, et elle lui fournissait un bulletin par semaine.

Napoléon se faisait traduire les journaux anglais, tous les jours, par l’un de ses secrétaires. Dans le principe, on supprimait toutes les diatribes qu’on se permettait contre sa personne et sa famille. Il voulut enfin tout connaître, et on traduisait littéralement et sans altération. Napoléon avait presque sur tout des systèmes ou des préjugés qui déterminaient sa conduite. Je l’ai vu déclamer violemment contre la médecine ; mais une humeur dartreuse s’étant portée sur sa poitrine, le médecin Corvisart la ramena à la peau, en lui appliquant des vésicatoires. Ce phénomène le surprit beaucoup, et dès lors il disait qu’il croyait aux médecins, persistant toujours avec opiniâtreté dans son premier dire contre la médecine ; ce qui forme un propos vide de sens, car, qu’est-ce que le médecin sans la médecine ?