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dire « qu’il était bien malheureux de n’être pas bâtard ».

Ses frères avaient tous son opiniâtreté sans avoir les mêmes qualités ni les autres défauts. Joseph paraissait avoir plus de bonhomie et moins d’ambition ; totalement livré à son goût pour les femmes et à son amour pour une vie oisive, il a été lancé comme malgré lui dans la carrière de l’ambition. Joseph avait moins d’esprit que ses frères, mais il ne manquait pas de bon sens et de raison ; placé dans la classe des hommes opulents, il eût été heureux et d’une société aisée et douce.

Louis avait de l’esprit, de l’instruction et de la philosophie ; son état maladif le disposait peu à se jeter dans la carrière de l’ambition, et il tâchait d’adoucir les ordres sévères de son frère par tous les moyens possibles. Il a abdiqué le trône de Hollande dès qu’il a vu que son frère lui prescrivait des mesures que son honneur et ses principes ne lui permettaient pas d’exécuter. Et du moment qu’il en a été descendu, il a vécu en simple particulier ; il a refusé la dotation de