Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/344

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vent que, pour bien administrer, il fallait mettre son cœur dans sa tête.

Napoléon n’avait aucun attachement pour sa famille. C’est par vanité qu’il l’a élevée, mais non par sentiment du mérite d’aucun des individus qui la composent, ni par affection pour aucun. Il ne paraissait sensible au débordement de ses sœurs que lorsqu’elles s’avilissaient dans leurs amours. Il parlait souvent avec mépris de ses frères. Je me rappelle qu’il entrait un jour au conseil des ministres, les papiers anglais à la main. On lui demanda s’il y avait quelque chose de nouveau. « On dit que Jérôme a été pris, à telle hauteur, à son retour de la Martinique. Je n’en crois rien ; mais si les Anglais croient qu’un événement de cette nature changerait quelque chose à ma politique, ils se trompent. Car je verrais toute ma famille à la bouche d’un canon que je ne modifierais pas la proposition la plus indifférente. »

Lorsqu’il croyait avoir à se plaindre de quelqu’un de ses frères, il lui échappait souvent de