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sa tête d’une manière ineffaçable, et c’est pour cela qu’il exigeait des états en chiffres et qu’il détestait les phrases.

Il redressait souvent ses ministres sur les aperçus qu’ils lui donnaient ; il rappelait avec une précision étonnante les états des années précédentes, et très rarement l’erreur était de son côté. Je me souviens qu’un jour, le ministre Dejean lui soumettait un état général des dépenses d’étape dans la marche des troupes ; Napoléon s’arrêta à un article où il était passé douze cent trente rations pour le passage d’un corps à Fontenay. « Il y a erreur, dit-il, ce corps était à Rochefort à cette époque ; il en est parti tel jour pour aller en Espagne et n’a pas passé par Fontenay. Vos états sont faux. » Dejean voulut défendre son travail. Mais Napoléon insista, et le ministre, ayant fait vérifier ses états, convint, huit jours après, qu’il y avait erreur. — Une autre fois, je lui présentai trois députés du Valais : il demanda des nouvelles de ses deux petites filles à l’un d’eux. Ce député me dit n’avoir vu qu’une