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elles l’inconvenance de quelques mesures qu’il avait ordonnées lui-même.

Sa Cour était une vraie galère où chacun ramait selon l’ordonnance.


Napoléon avait une complexion physique et morale qui ne ressemblait en rien à celle d’aucun autre grand personnage connu. Sa taille était petite ; sa physionomie expressive ; son corps sain ; son audace extrême. Son esprit et son corps étaient inépuisables à la fatigue. On l’a vu rester douze à quatorze heures à cheval sans éprouver aucun besoin. Il racontait avec complaisance qu’il s’était battu pendant cinq jours consécutifs contre le général Alvinzy sans quitter ses bottes et sans fermer l’œil, et que, lorsqu’il l’eut forcé à la retraite et ordonné ses préparatifs pour le poursuivre, il dormit trente-six heures. On a vu Napoléon revenir du fond de la Pologne sans s’arrêter, convoquer son conseil en arrivant et montrer la même présence d’esprit, la même suite et la même force d’idées que s’il avait passé la nuit dans sa