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Ils verront qu’après moi ils ne seront pas assez forts pour arrêter le torrent qui, dans dix ans, les entraînera tous. »


Les personnes qui ont peu approché Napoléon, ou qui ne l’ont vu que quelques instants, ne peuvent le juger que très défavorablement. Son premier abord était froid et ses propos insignifiants ou malhonnêtes ; il n’avait point ces formes agréables que donnent l’usage du monde ou une éducation soignée. Parlait-il à un ambassadeur : « Vous amusez-vous à Paris ? Avez-vous des nouvelles de votre pays ? » Voilà ses formules ordinaires. Voyait-il un sénateur, un conseiller d’État : « Comment se porte monsieur le … ? Il fait chaud aujourd’hui, il fait froid ou humide. » Était-il dans un cercle de femmes, il demandait le nom à chacune, même souvent à celles qu’il connaissait depuis longtemps, et par extraordinaire il faisait quelquefois compliment sur une robe, un diamant, etc.

Souvent même, il était malhonnête et gros-