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ces partis. Étranger à tous les actes de la Révolution, il essaya de rallier à sa personne tous les hommes qui avaient montré du talent dans les diverses phases de la Révolution. Il essaya d’éteindre tous les germes de dissension ; il y parvint.

Il ne faut pas croire pour cela que Napoléon ne mît pas du discernement dans le choix qu’il faisait de ces hommes exagérés. Je me rappelle qu’un jour, Cambacérès lui ayant proposé, pour remplir une place éminente dans la magistrature, un des hommes qui avaient le plus marqué dans la Révolution, Bonaparte lui fit observer que cet homme ne convenait pas à la place. Cambacérès lui répliqua qu’il avait appelé Merlin, l’auteur de la loi des suspects, à la deuxième place de la magistrature française.

« Quelle différence ! reprit Napoléon ; Merlin a été membre du Directoire. Là, il s’est convaincu qu’il ne pouvait pas gouverner. Son ambition a été humiliée parce qu’il s’est mieux connu ; il est descendu avec plaisir à une place analogue à ses talents et qu’il a la