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poléon ne se soit jugé lui-même : il n’a jamais été plus grand que dans la campagne d’Italie, qu’il a faite à vingt-six ans, où, avec une armée peu nombreuse, mal vêtue, mal nourrie, dépourvue d’une partie du matériel nécessaire, il a détruit successivement quatre armées autrichiennes et a marché de victoire en victoire jusqu’aux portes de Vienne.

Il accordait du génie militaire au grand Frédéric, mais dans ce sens qu’il avait su s’écarter de la routine de son siècle. « Il a mis, disait-il, plus d’activité dans ses marches, moins de lenteur dans ses manœuvres ; il a montré de l’audace devant des généraux qui n’avaient que de la méthode ; il les a étonnés et battus, parce qu’il s’est écarté de leurs formes et de leur froide tactique. » Un jeune homme entreprenant lui eût plutôt résisté qu’un général consommé dans le métier.

Il parlait avec admiration des premiers temps de la guerre de la Vendée ; « alors, disait-il, les paysans étaient des soldats qui n’écoutaient que leur courage et leur fanatisme ; ils éton-