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Elle est toute à son ministre Louvois, et c’est, à mes yeux, le plus bel acte de sa vie. »

Il jugeait avec sévérité tous les généraux qui l’avaient précédé. Alexandre était son héros, parce qu’à de grands talents militaires, à de grandes vues de politique et d’ambition, il avait su joindre un grand système d’administration et d’amélioration pour le commerce du monde.

Dans le parallèle qu’il faisait des généraux les plus estimés, il lui échappait souvent des aperçus pleins de justesse et de raison. « Il y a, disait-il, cette différence entre Condé et Turenne, c’est que le premier s’est montré à Rocroi, à vingt-deux ans, ce qu’il a été toute sa vie ; il n’a jamais été plus brillant que dans cette première campagne, tandis que Turenne s’est constamment perfectionné et que sa dernière campagne est toujours la plus savante, ce qui provient de ce que Turenne avait l’esprit d’observation et savait mettre à profit l’expérience, tandis que Condé, né militaire, s’est arrêté au point où la nature l’avait placé. » Je crains que, dans ce parallèle, Na-