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comme il n’avait que du vague sur ces matières, il n’a jamais osé prendre une résolution à cet égard.

Napoléon craignait le peuple. Il redoutait les insurrections, et c’est cette crainte qui le jetait constamment dans de fausses mesures. Il avait pour principe que le blé doit être à très bas prix, parce que les émeutes proviennent presque toujours de la cherté ou de la rareté du pain. En conséquence, il ne permettait l’exportation des grains que lorsque l’agriculteur menaçait de ne plus cultiver. On n’est jamais parvenu à lui faire entendre que, le prix de tous les objets de consommation ayant augmenté d’un tiers ou de moitié depuis la Révolution, il était naturel que le blé suivît cette progression. Il ne sentait pas que l’aisance pour les hommes des champs fait la richesse d’un État, parce qu’alors ils consomment les produits des fabriques qu’ils peuvent acheter ; alors ils payent gaiement leurs impositions ; alors ils améliorent leur domaine ; alors ils donnent du travail au mercenaire. Non, il voulait que le blé fût à bas prix, et il des-