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au moment où la loi de 1814 est venue rouvrir la porte aux nankins des Indes et a étouffé dans nos mains cette belle branche de produits.

L’Empereur ne s’est jamais fait illusion sur le danger d’admettre dans la consommation les produits étrangers en concurrence des produits de notre industrie. Il sentait que, lors même que nous aurions de la supériorité sur la qualité ou le prix, cette concurrence nous serait funeste, d’abord parce que la concurrence fait baisser les prix, et en second lieu parce que nos fabriques naissantes ne pourraient pas lutter longtemps contre celles de l’étranger.

En effet, chez nous, les capitaux employés à l’établissement ne sont pas rentrés ; le fabricant est forcé de trouver dans ses bénéfices l’intérêt de sa mise de fonds et l’intérêt de ses dépenses journalières de fabrication, tandis que le fabricant anglais, qui est rentré dans ses capitaux, peut se contenter, pour quelque temps, des bénéfices de la fabrication. D’ailleurs, le fabricant étranger trouve des ressources dans son gouvernement, lorsqu’il s’agit de por-