Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/282

Cette page a été validée par deux contributeurs.

créé par ce moyen un impôt de trente à quarante millions. Le résultat était sans doute évident, puisqu’on ne pouvait plus concourir sur les marchés étrangers pour la vente des produits. Mais comme la consommation intérieure en est énorme, les fabriques ont continué à prospérer.

Ce système de prohibition, qui a été généralement appliqué à tous les objets de fabrique étrangère, a donné à nos manufactures un tel développement et amené une si grande perfection dans les produits, qu’il est peu d’objets dans la fabrication desquels nous soyons inférieurs aux Anglais, et qu’il en est un grand nombre pour lesquels nous sommes supérieurs. C’est ainsi qu’en peu de temps nous avons rivalisé pour tous les objets de quincaillerie, et que nous sommes parvenus à imiter parfaitement les toiles blanches et les nankins des Indes. Cette dernière fabrication était devenue pour nous un objet de quinze à seize cent mille pièces dans les seuls départements de la Seine-Inférieure, de la Somme, de l’Ain et du Nord,