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C’était par politique ou par ostentation qu’il encourageait les arts, jamais par ce sentiment qui nous fait juger une nation et son état de civilisation par les monuments et les productions du génie. Je lui ai entendu dire plusieurs fois que, de tous les objets qui l’avaient frappé dans sa vie, les pyramides d’Égypte et la taille du géant Frion étaient ceux qui l’avaient le plus étonné. C’était curieux de le voir parcourant le beau musée de sa capitale. Il était constamment impassible devant les chefs-d’œuvre de tous les âges ; il ne s’arrêtait devant aucun, et lorsqu’on fixait son attention sur quelqu’un d’entre eux, il demandait froidement : « De qui est ça ? » sans se permettre aucune observation et sans témoigner la moindre impression.

On lui avait dit que David était le premier peintre de son siècle. Il le croyait et le répétait, mais sans jamais entrer dans le moindre détail sur la nature de son talent, et sans se permettre aucune comparaison avec les autres peintres ses contemporains. On s’apercevait