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se réserver le jugement de toutes les causes qui intéressaient l’État.

Il était bien plus absolu dans les affaires d’administration et de finances. C’étaient des commissions formées par lui qui préparaient les rapports ; et, comme il présidait ces conseils, ses décisions étaient bien rarement contredites ou contestées. Il avait pour principe de ne pas adjuger à un créancier de l’État au delà des deux tiers de ses demandes, de sorte que les trois membres de son Conseil qui constamment étaient chargés de l’apuration des comptes, s’étudiaient à lui présenter des rapports d’après les bases convenues. Les malheureux créanciers pour fournitures ou travaux étaient bien obligés d’en passer par là, puisque ses décrets étaient immuables et sans appel.

On s’étonnera peut-être que, d’après cette manière d’opérer, il ait pu continuer à trouver des fournisseurs ; mais l’étonnement cessera lorsqu’on saura que le ministre du matériel de l’armée était constamment débiteur de fortes sommes envers les fournisseurs, et qu’on les