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étranger à l’équipage. Il ordonne au ministre de la marine de faire juger l’agent de police par une commission militaire.

Quelques jours après, le ministre lui apprend que l’agent a été acquitté et produit une longue épître de M. Caffarelli, préfet de la marine, qui établissait l’innocence de l’accusé.

Bonaparte déchire la lettre, ordonne qu’on envoie au fort de Joux les trois capitaines qui avaient jugé, nomme une autre commission et dit au ministre Decrès : « Vous me répondez personnellement du résultat. »

Le ministre vint s’asseoir à côté de moi et me dit littéralement : « S’il y résiste cette fois-ci, il aura les côtes dures. »

Huit jours après, je lus dans le Moniteur qu’on avait fusillé, à Brest, un homme qui avait mis le feu à un vaisseau.

Ainsi Napoléon se formait une opinion sur toutes les causes capitales qu’on portait devant les tribunaux, et lorsque le jugement était contraire à son avis, il répétait qu’on l’avait enlacé, que les lois étaient iniques, et qu’il finirait par