Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/263

Cette page a été validée par deux contributeurs.

il s’indignait de la faiblesse de la peine qui était infligée et des lenteurs avec lesquelles procédait la justice. On l’a vu, dans toutes les affaires graves, circonvenir les juges par des menaces ou des promesses. L’affaire du général Moreau est encore présente à la mémoire de tous.

Lorsque ce général fut traduit devant la cour martiale pour y être jugé comme présumé complice dans la conspiration de Georges et de Pichegru, l’opinion publique se déclara pour l’accusé, et elle se manifestait dans toutes les circonstances. Cette opinion se prononçait au tribunal, aux spectacles, et dans tous les lieux publics. Le premier Consul employa tous les moyens imaginables pour le faire condamner à mort ; menaces, séductions, pamphlets, tout fut mis en jeu. Il ne se lassa pas de faire couvrir les murs d’affiches infâmes, de faire composer et distribuer dans toute la France des écrits diffamants. On ne parvint cependant à le faire condamner qu’au bannissement. Bonaparte fut furieux de ce jugement, et lorsque quatre des juges qui avaient le plus influé sur cette con-