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vent rebutée par l’Empereur, elle n’a jamais perdu ni de sa douceur ni de son aimable caractère ; elle s’était liée à lui par amitié et avec passion. Elle connaissait et excusait ses défauts, et l’Empereur a toujours eu pour elle un sentiment de préférence, de prédilection dont il ne paraissait pas susceptible. Oh ! combien de maux a évités cette céleste créature ! combien de malheureux lui doivent l’adoucissement de leurs peines ! C’était une providence qui veillait toujours sur cet homme farouche pour en adoucir le caractère et lui faire connaître la clémence.

Un homme qui a peu cédé à Bonaparte, mais qui ne l’a ni servi, ni contrarié, ni éclairé, c’est le consul Lebrun. Il ne lui résistait qu’autant que celui-ci blessait son amour-propre.

Un jour, dans un conseil des ministres, Bonaparte lui demanda son avis. Le consul opina contre le sien. Bonaparte dit alors qu’on ne devait rien attendre d’une ganache de soixante-huit ans. « Oui, répliqua Lebrun, c’est ce que disent les enfants. »