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non ; il ajouta aussitôt : « On assassine mes soldats à Cette, et vous n’en savez rien ? » Il nous lut alors le rapport de M. le général Moncey, inspecteur général de la gendarmerie, qui lui annonçait que six jeunes gens de cette ville avaient désarmé et battu une sentinelle du port[1]. Il dicta alors à Maret un décret qui ordonnait au commandant du département de l’Hérault de faire arrêter les six jeunes gens et de les faire transférer par la gendarmerie à Toulon pour y être jugés dans les vingt-quatre heures. Il donna à Maret le rapport contenant les noms des jeunes gens pour le joindre au décret. Maret l’envoya dans ses bureaux pour être expédié immédiatement par un courrier.

Nous étions tous consternés, mais aucun n’osait se permettre des observations. Un moment après, Bonaparte se leva pour se promener, selon son usage, dans le cabinet. Cambacérès osa l’aborder et lui parla à peu près en ces

  1. Les rapports arrivaient à l’inspecteur général plus vite que la poste, parce que les brigades de gendarmerie, établies de quatre en quatre lieues, se transmettaient les paquets de l’une à l’autre et gagnaient un quart en vitesse.