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1814, l’aimait sincèrement ; mais il avait pris auprès de lui le caractère d’un esclave favori plutôt que celui d’un homme indépendant. L’Empereur faisait plus de cas de la soumission que du talent. Voilà pourquoi le maréchal Berthier a vécu avec lui pendant vingt ans, sans que jamais cette union ait été altérée par aucun nuage.

Après Berthier, Duroc est celui qui avait au plus haut degré la confiance de l’Empereur. C’était un homme nul, mais dévoué et secret, et ce sont surtout ces deux qualités qui l’ont maintenu en faveur jusqu’à sa mort.

Je ne parlerai pas de quelques séides dont il s’était entouré. Ces gens-là lui étaient dévoués à la manière des fanatiques, c’est-à-dire qu’ils exécutaient ses ordres sans réflexion et qu’ils épiaient ses volontés pour se faire un mérite de les prévenir et de forcer les mesures qui leur étaient commandées. L’Empereur ne les aimait pas, il les estimait encore moins. Mais, naturellement défiant, il se voyait aveuglément obéi et parvenait, par la facilité qu’il trouvait