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l’état de la médecine à Paris avec mon vieil oncle, qui ne m’aurait pas pardonné de faire des vers. Je fis deux cours d’accouchements sous M. Baudelocque ; je suivis les leçons de chimie de Bucquet, à l’École de médecine ; de Mitouard, dans son laboratoire, rue de Beaune, et de Sage, à la Monnaie ; je cultivai beaucoup Romé de Lisle, et, quoique peu versé dans la chimie, Dillon, l’archevêque de Narbonne, président des États de Languedoc, me désigna pour aller professer cette science à Montpellier.

Je sentis bientôt tout le poids du fardeau qu’on venait de m’imposer ; je redoublai de zèle pour m’instruire dans la science que je devais professer, et je partis pour Montpellier, après un séjour de trois ans et demi à Paris.

Arrivé à Montpellier trois mois avant l’ouverture des États de Languedoc[1], je m’occupai du soin pénible de former un laboratoire dans le local de la Société royale des sciences, et me mis en mesure d’ouvrir mon cours pendant la session des États. Ce cours, honoré de la présence des prélats et des seigneurs qui venaient aux États, fut extrêmement brillant[2]. Je travaillais nuit et jour pour préparer

  1. En 1780.
  2. La première leçon fut donnée, avec une grande solennité, dans la salle même des réunions de la Société. « Jamais la chimie n’avait été professée devant un tel auditoire. La plupart des membres des États y assistaient, et il ne s’y trouvait pas moins de