Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/244

Cette page a été validée par deux contributeurs.

préoccupé qui frappa l’Empereur : « Qu’avez-vous donc ? lui dit-il. — Ce que j’ai, c’est facile à comprendre. Comment ! lui dit-il, vous voulez donc la fin du monde ? — Eh ! pourquoi ? repartit l’Empereur. — Ignorez-vous, reprit le cardinal, que l’Écriture annonce la fin du monde du moment que les Juifs seront reconnus comme corps de nation ? » Tout autre eût ri de cette sortie du cardinal. Mais l’Empereur changea de ton, parut soucieux, se leva de table, passa dans son cabinet avec le cardinal, en sortit une heure après. Et, le surlendemain, le sanhédrin fut dissous. L’Empereur était encore alors dans toute sa croyance sur la fatalité, la religion, etc.

Lorsque Napoléon a vu la mauvaise tournure que prenaient ses discussions avec le Pape, lorsqu’il a été convaincu qu’il ne pouvait ni le forcer ni l’intimider, et que son Concordat avait produit par les résultats un effet opposé à ses premiers desseins, non seulement il regrettait d’avoir opéré ce changement, mais il disait hautement qu’il eût mieux fait de se déclarer protestant, en ajoutant qu’« à cette époque,