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homme vénérable est resté inébranlable dans ses principes.

Toutefois, ces querelles ont présenté des phénomènes qu’il est bon de ne pas passer sous silence. Bonaparte, sans être dévot, était religieux, et si ses démêlés avec le Pape ne fussent pas survenus, je ne doute pas qu’à quarante-cinq ans il n’eût été dévot. Il croyait à la fatalité ; il faisait même publiquement profession d’y croire ; mais entre un fataliste et un dévot, il n’y a pas loin. Ces querelles le mirent dans le cas de lire beaucoup d’ouvrages de controverse. Elles l’obligèrent à consulter un grand nombre d’évêques et de cardinaux. Et comme dans les livres il ne trouva que du fatras, et que dans les membres du clergé il vit une différence d’opinions telle qu’ils ne s’accordaient sur aucun point, il commença à voir qu’il n’y avait rien de fixe, rien d’arrêté sur la croyance. Il disait souvent que « chaque prêtre avait sa religion à part, que celle du Pape différait de celle des cardinaux, qui, à leur tour, ne s’accordaient pas entre eux ; que l’archevêque de