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teur aimé, et on l’a vu soutenir avec obstination des préfets abhorrés, par cela seul que, selon lui, ils n’avaient pas d’autre refuge qu’en lui et qu’il était assuré de leur fidélité à sa personne. On l’a vu conserver des ministres et lutter constamment contre l’opinion publique par cela seul qu’ils étaient détestés de tous les agents de leur administration.

Lorsque Bonaparte a été porté à la tête du gouvernement, les partis qui s’étaient formés dans les dix premières années de la Révolution étaient dans toute leur force. Tous les hommes s’étaient classés dans l’une ou l’autre des factions, et comme elles avaient prédominé tour à tour, il en était résulté de l’aigreur, des animosités, des désirs de vengeance qui séparaient les Français en autant de partis, de manière que la passion était partout et l’amour du pays nulle part.

Dans cette position difficile, Bonaparte conçut le projet de tout réunir, de tout amalgamer.

Il mit dans le même corps, et à côté l’un de l’autre, des hommes qui étaient en opposition