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à me laisser passer deux années à Paris pour m’y perfectionner. Cette négociation fut longue et difficile, et mon oncle n’y consentit que parce que l’occasion se présenta de faire le voyage avec M. de Cambacérès, notre ami commun (depuis prince archichancelier de l’Empire).

J’arrive donc à Paris[1] avec M. de Cambacérès. Nous descendons rue Croix-des-Petits-Champs, à l’hôtel de Bourbon, et employons les deux premiers mois de notre séjour à visiter les édifices et tous les monuments de cette immense cité. Chaque jour, nous sortions à sept heures avec le projet de voir tout ce qu’il y avait de curieux dans un quartier, et ne rentrions qu’à trois heures pour dîner. Après avoir parcouru tout ce que la capitale nous offrait de curiosités, nous entreprîmes des excursions dans son voisinage et visitâmes successivement tous les châteaux et palais des environs. Je me rappelle avec plaisir que tous les soirs, occupant notre société du détail de nos courses, nous éprouvions la surprise de voir que nous étions plus instruits que ceux qui habitaient Paris depuis vingt ans, ou qui y étaient nés ; nous avions l’air de leur parler de la Chine ou de la Perse, et nous eussions pu très souvent leur donner des romans pour l’histoire de leur pays, tant il est vrai que la facilité de

  1. En 1776.