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public. Ils ne m’aiment point, mais ils me craignent, et cela me suffit. Je les prends à l’armée ; je leur donne des commandements, mais je les surveille. Ils ont voulu se soustraire à mon joug ; ils ont voulu fédéraliser la France. Un mot de ma part a suffi pour déjouer le complot. Tant que je vivrai, ils ne seront pas dangereux. Si j’éprouvais un grand échec, ils seraient les premiers à m’abandonner.

« Au dedans et au dehors, je ne règne que par la crainte que j’inspire. Si j’abandonnais ce système, je ne tarderais pas à être détrôné. Voilà ma position et les motifs de ma conduite. »

Ainsi croyait-il que, dans sa position, il valait mieux être craint qu’aimé.

Il faisait peu de cas de Henri IV et s’indignait de ce que ce prince désirait qu’on l’appelât le bon Henry. Il ajoutait : « Les rois fainéants étaient aussi de bons rois. » Philippe le Bel et Louis XI étaient les seuls rois de la troisième race qu’il estimât.