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der comme un véritable sénat conservateur des lois ou de la justice.

Il est difficile assurément de concevoir une constitution qui présente plus de garanties pour les droits du peuple. Il est difficile de moins laisser à l’arbitraire du chef du gouvernement. La limite du pouvoir est tracée sans confusion.

Cependant l’esprit inquiet du premier Consul s’irrite bientôt des obstacles qu’il trouve à l’exécution de ses projets. L’opposition raisonnée et salutaire du Tribunat à quelques lois lui déplaît. Les plaintes portées à la commission du Sénat pour la liberté individuelle et les réclamations de la commission l’importunent. Il supprime le Tribunat, et me dit le soir même : « Dès ce moment, il n’y a plus de constitution. » Il organise une force militaire qui exécute ses décrets sans observation ; et ses ministres, que les formes constitutionnelles entravaient dans leur marche, exécutent ses décrets sans opposition.

Les consuls n’étaient nommés que pour dix ans ; il les fait nommer à vie. Quelque temps