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Peu de temps après l’arrivée de Volney aux États-Unis, on y apprit que le Directoire avait nommé un jeune homme de vingt-quatre ans pour commander en Italie une armée de vingt-quatre mille hommes, contre une armée de cinquante mille aux ordres du général le plus expérimenté de l’Autriche. Les vieux militaires en riaient de pitié : ils croyaient fermement qu’il n’y avait plus chez nous ni hommes, ni raison ; ils plaisantaient Volney sur la République et lui prédisaient une chute prochaine. Celui-ci cherchait à calmer leurs craintes ; il les assurait qu’à la vérité le nouveau commandant était un jeune homme, mais un jeune homme d’un très grand mérite, et lorsqu’on le pressait de leur dire quels pouvaient être les plans de ce jeune militaire, il feignait de les ignorer ; « mais, à sa place, leur disait-il, je pénétrerais en Italie par tel point, je battrais Beaulieu sur tel point, et le poursuivrais, l’épée dans les reins, jusque sous les murs de Vienne, sans lui donner le temps ni de se rallier, ni de se recruter, ni de se fortifier, ni de s’approvisionner, et là je dicterais mes