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s’embarqua pour Nice. À son arrivée dans cette ville, son ami de Corse fut la première personne qu’il y trouva, et celui-ci l’invita à dîner, ce jour-là même, avec le représentant Turreau.

Après dîner, Bonaparte demanda brusquement à Turreau s’il ne rougissait pas de rester à Nice avec une armée inactive de dix mille hommes, et s’il croyait que la guerre des barbets suffît pour illustrer la France et affermir la République. Turreau lui répondit qu’il n’avait aucun ordre du Comité de salut public. « Eh bien ! » répliqua Bonaparte, « c’est à vous à lui en faire honte. Et si, demain, vous voulez nous donner à dîner, à Volney et à moi, je vous développerai mon plan, d’après lequel, avec douze à quinze mille hommes de plus, je me charge de conquérir l’Italie. »

Le dîner fut convenu, Bonaparte communiqua son plan, rédigé en dix-sept articles, dont il fit deux lectures. Il fit connaître sa marche et ses principaux moyens d’exécution.

Turreau lui observa que son armée serait