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arrêter Bonaparte et de le faire conduire par la gendarmerie aux prisons de la Conciergerie à Paris. Il fut aussitôt mandé auprès du représentant, qui ne crut pas devoir lui laisser ignorer l’arrêté qu’il venait de recevoir et qui, par l’intérêt qu’il lui portait, tâcha de découvrir les causes qui avaient pu motiver un ordre aussi sévère ; le jeune officier confessa toute sa conduite, qui paraissait irréprochable. Robespierre lui dit alors qu’il allait écrire à son frère pour l’engager à faire rapporter l’arrêté, mais qu’en attendant il ne pouvait pas se dispenser de le mettre en arrestation chez lui, sous la garde d’un gendarme ; il l’assura qu’il espérait un bon résultat de ses démarches. Voilà donc Bonaparte aux arrêts dans son domicile. Junot (depuis duc d’Abrantès) logeait avec lui ; mais, moins rassuré que son ami, il lui proposait chaque jour d’étouffer le gendarme, de s’emparer, pendant la nuit, d’une barque du port et d’aller se cacher dans les forêts de la Corse. Bonaparte, plus confiant, se refusa constamment à ces propositions.