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qu’il était enthousiaste de ses victoires. Paoli disait à Volney que ce jeune homme portait la tête de César sur le corps d’Alexandre, et ajoutait qu’il y avait en lui dix Sylla.

Paoli, qui n’était pas militaire, s’était d’abord déchargé sur le jeune Napoléon de tout le soin de la garde nationale ; mais il ne tarda pas à s’apercevoir que celui-ci lui inculquait des principes qui n’étaient pas les siens, et qu’il prenait sur elle un ascendant dont il était jaloux ; il s’en était ouvert plusieurs fois à Volney, qui en avait instruit son ami. Celui-ci, confiant et tranquille, lui répondait constamment : « Il a besoin de moi. » Volney insistait toujours pour lui faire partager ses craintes ; il lui prédisait que Paoli ferait incessamment enlever toute sa famille pour la transporter sur le continent. Bonaparte lui répliquait qu’« il avait trop tardé, et que, dans le moment, il était plus fort que lui, et qu’au moindre mouvement de Paoli, il serait arrêté lui-même ».

Paoli dissimula longtemps ; mais au moment de faire éclater ses projets, secondé par les