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Lebreton s’était aperçu du froid accueil que lui avait fait le premier Consul. Je lui racontai ce qu’il avait fait pour Domairon. Je l’invitai à sonder sa conscience, pour savoir le vrai motif de cette défaveur. Après quelques moments d’hésitation, il me confia que, dans son Ordre, il passait pour un homme sévère, que sa haute taille et sa figure rébarbative en imposaient à la jeunesse, et que ses supérieurs le choisissaient constamment pour aller rétablir l’ordre dans leurs collèges. « C’est à ce dessein, me dit-il, que je fus envoyé à Brienne. J’y trouvai l’insubordination la plus complète, le désordre le plus scandaleux. Mais trois jours suffirent pour faire tout rentrer dans le devoir. Deux ou trois de ces jeunes gens crurent se venger par des chansons et poussèrent l’audace jusqu’à venir les chanter sous mes fenêtres, à neuf heures du soir. Je pris patience pendant deux jours ; mais, le troisième, je me tapis derrière ma porte, que je laissai entr’ouverte, et, au moment où ils ouvraient la bouche, je m’élançai sur eux, j’en pris un au collet ; c’était le petit Corse. Il fut