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durant ces seize années, j’ai pu l’étudier et l’apprécier. Je l’ai pu avec d’autant plus de succès que j’ai constamment joué, auprès de lui, le rôle d’un observateur impassible. Je crois ne m’être jamais fait illusion ni sur ses défauts ni sur ses qualités. Et, aujourd’hui qu’il est mort pour ses contemporains[1], je pourrais montrer des notes rédigées au sortir de sa société, dans lesquelles j’exprime littéralement l’opinion que j’émets dans le cours de cet ouvrage. J’ai suivi progressivement la marche de Napoléon depuis les premiers jours de son consulat jusqu’à sa chute. J’ai vu par quels moyens et à la faveur de quelles circonstances il s’est élevé du rang de citoyen à celui de prince, par quels principes il est parvenu à subjuguer sa nation et à dominer l’Europe, par quelles fautes il s’est précipité lui-même de son trône. J’ai cru que le tableau fidèle de ses qualités et de ses défauts pourrait présenter quelque intérêt aux peuples et aux rois, et je l’ai tracé, non dans

  1. Ces lignes étaient écrites en 1817.