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à la domination universelle et quelles sont les causes principales de sa chute.

Mais si on consulte le petit nombre des écrits qui passeront à la postérité et qui pourront lui transmettre quelques renseignements, on ne trouvera, d’un côté, que la plus dégoûtante apologie des qualités et des vertus du héros, de l’autre, la peinture la plus hideuse de ses vices et de son ambition. Les uns le représentent comme un dieu tutélaire, revêtu de toutes les qualités, de toutes les vertus et de tous les talents, ne pensant, n’agissant, ne respirant que pour le bien de l’humanité ; les autres ne lui accordent ni talent ni moyens. Ses succès sont, à leur avis, l’effet du hasard ; son élévation, le résultat de l’audace et de la perversité. Tous le jugent avec passion, et la postérité ne pourrait point se former une idée exacte de cet homme extraordinaire, d’après les écrits qui ont été publiés jusqu’à ce jour.

Comme j’ai été attaché à d’importantes fonctions publiques pendant le règne de Napoléon et que j’ai eu avec lui des rapports assez intimes