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Il n’avait rien à se reprocher. Le sort même de Lavoisier ne l’aurait pas effrayé. Il se rendit donc à la Chambre des pairs, et, lorsque Louis-Philippe eut pris sur le trône la place de Charles X, il montra la même assiduité aux séances, jusqu’au jour où la mort vint le frapper, le 30 juillet 1832.

Mon arrière-grand-père est un des hommes de cette génération qui ont traversé, avec la France, pendant un demi-siècle, tous les régimes politiques connus. Depuis la monarchie de Louis XVI, qui en avait fait un homme honoré, jusqu’au gouvernement de Juillet, aux débuts duquel il a assisté, il a servi fidèlement les maîtres les plus divers.

Au milieu de tant de révolutions et de changements politiques, son caractère a toujours été respecté : il a trouvé dans sa dignité le moyen infaillible de diriger sa conduite.

Ce n’est pas qu’il fût indifférent à la forme du gouvernement. Il avait ses préférences personnelles qui le portaient vers le régime le plus capable de faire régner l’harmonie tout en respectant la liberté des particuliers.

Il recommande, en politique, la méthode expérimentale, qui n’admet un principe que si la pratique en a démontré clairement la valeur. Il pense qu’aucun gouvernement ne saurait réaliser l’idéal absolu, et il rappelle sans cesse l’histoire des Romains, dont la République ou l’Empire ont produit